Un autre exemple de ce que Malcolm ne savait pas à l’époque où il vantait la pseudo-fraternité qu’il croyait avoir vu à la Mecque…
« Au sujet de l’Afrique, une enquête de 1953 fort bien documentée, conduite parmi la colonie sénégalaise établie à Jedda, mettait au jour les mécanismes d’un vaste trafic entre l’Afrique noire française et l’Arabie Saoudite. Des intermédiaires sénégalais, nigériens et maliens se rendaient dans les villages du Soudan [Mali], de Haute-Volta [Burkina-Faso] ou du Niger et en Mauritanie. Ils s’y présentaient comme des « missionnaires » investis de la délicate mission de conduire leurs coreligionnaires vers les lieux saints afin de leur faire accomplir le pèlerinage et de leur faire enseigner le Coran en Arabe. Un certain nombre de musulmans se laissaient prendre au piège de ces rabatteurs. Hommes, femmes et enfants étaient alors transportés en camion, sous la conduite de leurs guides bénévoles, jusqu’à la côte de la mer Rouge où ils étaient embarqués sur des sambouks spécialement affrétés. Ils débarquaient à Lith, un petit port à 200 kilomètres au sud de Jedda. Là ils étaient déclarés pèlerins clandestins par la police, transportés sur des camions à Jedda où ils se retrouvaient en prison. Le lendemain, un commerçant saoudien se présentait, se faisait remettre la marchandise par la police et la faisait vendre immédiatement par des courtiers : 2000 à 4000 rials pour une jeune fille de moins de quinze ans, 1500 rials pour un homme de moins de quarante ans. »
Roger Botte, Esclavages et abolitions en terres d’islam, pages 125-126