Lors d’un cours à l’IHECS, le professeur-invité Michel Demeuldre a partagé avec les étudiants des extraits choisis de son amourette avec une Rwandaise. Des souvenirs emprents de sexisme et de racisme, qui ont suscité l’indignation des étudiants et des militants. Sous le hashtag #jenesuispastanégresse, la résistance s’organise. 

C’est lors d’un cours de « Formes musicales » à l’IHECS que le dérapage a eu lieu. Invité à expliquer ce qui le motive à parler de musiques du monde aux jeunes, l’intervenant, Michel Demeuldre, s’égare. Après avoir commencé sa tirade avec une imitation d’accent congolais, le conférencier revient sur sa relation avec une Rwandaise. Et n’éparge aucun détail à ses élèves : « Du côté rwandais (…) et ça je trouve que ça devrait être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO : la façon de faire jouir les femmes au Rwanda (…) vous devez titiller le clitoris, et pour que ça soit efficace, il faut bien tirer… les jeunes filles se tirent les lèvres pour que ça soit bien proéminent et facile à faire ». Et d’inviter ensuite les étudiantes à « s’exercer », puisque cela a « de nombreux avantages ».

Le don juan spécialistes ès rwandaises

 

Stéréotypes hérités de l’esclavage

Le cours a beau avoir eu lieu il y a deux mois, dès la diffusion de la bande son, la toile s’emballe. « Sexiste », « raciste », les accusations pleuvent sur Michel Demeuldre. Pour le Collectif Mémoire Coloniale et Lutte Contre les Décolonisations (CMCLCD), c’en est trop : « la femme noire ainsi que sa sexualité ont été chosifiées, faussement « théorisées » pendant des siècles, tant et si bien qu’encore aujourd’hui, les femmes afro-descendantes doivent faire face à des stéréotypes hérités de l’esclavage et de la colonisation encore bien présents dans l’inconscient collectif ». Et de condamner « avec fermeté les propos aussi malséants qu’humiliants envers les femmes afro-descendantes tenus par le professeur Demeuldre. La fermeté de notre position est d’autant plus renforcée qu’il s’agit ici de propos tenus par un membre d’un corps enseignant universitaire : la responsabilité de Monsieur Demeuldre n’en est donc que plus grande en tant que représentant de son établissement d’une part et en tant que fonctionnaire chargé d’une mission d’éducation d’autre part ». Très vite, le hashtag #jenesuispastanégresse lancé dans le communiqué du CMCLCD se propage sur les réseaux sociaux.

« Décoloniser les esprits »

Objectif : « décoloniser les esprits au sein de la société ». Sur Facebook, les posts se multiplient, dont des clichés puissants pris par Sama Muse. En légende, la jeune femme s’insurge : « l’IHECS demande un débat ouvert et contradictoire pour décider si les propos de monsieur Demeuldre sont racistes ou non. Les personnes responsables ont décidé qu’elles étaient habilitées pour savoir mieux que nous – femmes noires – ce qui est tolérable de dire sur nos corps. Nos corps ne sont pas des sujets de débat ». Et pourtant, ainsi que le souligne le CMCLCD, « ce genre de discours n’est absolument pas nouveau. L’hypersexualisation de la femme africaine ainsi que les stéréotypes sur cette dernière et sa sexualité ne datent pas d’hier et sont encore bien présents dans l’inconscient collectif. Par contre il nous était inconcevable qu’un professeur véhicule de tels propos au sein d’un établissement d’enseignement supérieur chargé de former les citoyen(ne)s de demain, établissement qui compte parmi ses étudiant(e)s des jeunes femmes africaines, mais avant tout des jeunes femmes. De ce fait, nous nous devions de réagir ».

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MAJ

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Sa fille, elle-même métisse née d’une autre union avec une Congolaise, défend l’honneur de son père.





Après écoute de la conférence, on peut affirmer que sa fille utilise une vieille astuce rhétorique consistant à déplacer le centre de gravité du débat de l’objet mis à l’index (des propos bien précis) vers son amour de l’Afrique, du monde, des cultures diverses etc. Un transfert de la raison vers l’émotion, comme si, parce qu’il aimait l’Afrique, cela lui donnait le droit de tenir les propos désobligeants qu’il tient.

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