Lors de l’émission « On n’est pas couché » du 6 janvier 2018, Raphaël Enthoven est revenu sur une polémique qu’il eut avec le rappeur Kery James au sujet des paroles du titre « Zyed et Bouna ».

 « Dix ans après, tu peux faire le constat
Très peu de choses ont changé
Rabzas et renois, à leurs yeux on est toujours des étrangers
J’ai abandonné l’idée qu’ils me perçoivent un jour comme un français
Mais j’abandonne pas l’idée que l’état français me doit le respect »

Le professeur de philosophie s’est empressé de coller une interprétation idéologiquement  orientée à ces paroles afin de justifier un discours renvoyant dos  à dos « communautaristes » et front national. Kery James évoquerait un respect dû par l’État à sa couleur noire alors que ce paramètre épidermique n’est pas évoqué du tout dans la chanson, la narration passant d’un « pluriel » (nous) à un singulier qui affirme que « l’état français me doit le respect ».

« Entre Kery James qui dit ‘nous les Noirs ne sommes pas Français », lance Raphaël Enthoven. Sauf que là aussi, il n’est, à aucun moment, dit que les Noirs ne sont pas des Français puisqu’il y a une distinction nette entre, d’une part, Kery James qui pointe la perception que certains Français se font de lui parce qu’ils le renvoient éternellement à son altérité et, d’autre part,  l’idée de Nadine Morano qui veut que la France soit un « pays de race blanche ». Ici, nous touchons un point sensible : la réduction de la parole d’une personne noire à la seule dimension dans laquelle  son contradicteur veut l’enfermer : sa couleur de peau.

Raphaël Enthoven est ainsi persuadé que le « poste » d’où parle Kery James est celui de sa noirceur et rien d’autre, parce que pour lui Kery James ne peut rien être d’autre qu’un « Noir ». D’où la sur-interprétation de tout ce qu’il dit. Même lorsque le propos est neutre, on le revêt d’une revendication basée sur la couleur de peau uniquement parce que le locuteur est noir.

On voit que, à nouveau, l’accusation de « communautarisme » surgit d’on ne sait où pour qualifier une opinion qui n’engage que Kery James qui, a aucun moment, ne réclame une prise en compte ou une reconnaissance de son appartenance « communautaire noire ».

Tout porte à croire que, dès l’écriture du papier Raphaël Enthoven avait, à priori, l’idée de renvoyer « communautarisme » et extrême droite, quand bien même Nadine Morano n’est pas encartée à l’extrême droite mais représente un courant de pensée très présent à droite, se revendiquant de cette « belle idée » qu’est la République.

Et Yann Moix qui prétend y voir un courage intellectuel alors que le papier est truffé de raccourcis et de préjugés avec pour seul but de tordre absolument la réalité pour la faire entrer dans un cadre.

Renvoyer dos à dos Kery James et Nadine Morano, c’est oublier que ceux qu’indexe Kery James sont justement ces détenteurs du pouvoir, républicains revendiqués, parmi les lesquls on retrouvera des adeptes du slogan « la France tu l’aimes ou tu la quittes », dont l’un des grands adeptes n’est autre que le beau-père d’Aurélien Enthoven (fils de Raphaël Enthoven et de Carla Bruni : un certain Nicolas Sarkozy.

Nous avons ici le bonne vieille imposture de l’antiracisme-spectacle : expulser la droite et la gauche républicaine de toute idée de racisme et de rejet même lorsqu’elles y prennent leur part. Puis concentrer l’accusation sur les seuls éléments extrêmes, discrédités par tout monde puisqu’il est plus facile d’impliquer dans une critique de ce genre, le FN, que d’admettre que les idées estampillées « FN » sont partagées par des esprit républicains de droite comme de gauche.

 

La vidéo de sa rubrique sur Europe 1 ci-dessous

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