Accueil Sociologie Mathew Knowles, le père de Beyonce évoque le mépris qu’il avait pour tout ce qui était noir

Mathew Knowles, le père de Beyonce évoque le mépris qu’il avait pour tout ce qui était noir

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Mathew Knowles, le père de Beyonce et de Solange, a récemment donné une interview au magazine Ebony dans laquelle il est revenu sur un élément qui a fortement marqué sa jeunesse : le colorisme.

Avec une franchise rare, Mathew Knowles a admis que durant sa jeunesse il ne fréquentait sciemment que des filles blanches ou des noires à la peau très claire qui ressemblait à des Blanches. Tina, son ex-épouse, était une Créole dont Mathew Knowles se rapprocha, persuadé qu’elle était blanche. Il n’apprendra qu’elle était noire et très concernée par ces origines afro que bien plus tard.

Né en 1952, en Alabama, en pleine ségrégation raciale, Knowles admit que la ségrégation raciale a joué un rôle fondamental dans la perception de sa couleur et de ses semblables. Sa propre mère lui rappelait sans cesse qu’il n’avait pas intérêt à lui amener à la maison une Négresse crépue, histoire que le sang familial ne fasse pas un pas dans le mauvais sens : « Don’t ever bring no nappy-head Black girl to my house !»

« Don’t ever bring no nappy-head Black girl to my house !»

Cette ségrégation, affirme-t-il, était même pratiquée par des Gens de couleur libre comme ceux qui sont à l’origine d’une université comme la Fisk, à Nashville (Tennessee) dans laquelle ont étudié des célébrités comme W.E.B Dubois.  La Fisk University, fréquentée par des « Noirs » pratiquait la politique du « Brown paper Bag » durant la ségrégation selon Knowles  et refusait l’accès à l’université à toute personne plus foncée que le sac marron dont la teinte était la référence. Cette pratique s’est répandue durant tout le 20ème siècle dans les églises, les sororités et fraternités, dans les boites de nuits, les cabarets, les universités etc : des personnes étaient refusées car elles avaient échoué le test du Brown paper bag. Cette honteuse pratique n’a pris fin que dans les années 1950. Une ségrégation FUBU : for us by us.

Cette pratique a été inventée par les mulâtres libres (Gens de couleur libre) de la Nouvelle-Orléans qui étaient épouvantés de voir les anciens esclaves noirs rejoindre les rangs des « Libres » suite aux nombreux affranchissements au cours de la première moitié du 19ème siècle. Depuis cette date, les Gens de couleur  du Sud n’ont eu de cesse de chercher un moyen légal de refuser l’accès de leur écoles etc. aux anciens esclaves noirs.

Il faut préciser que contrairement à cette rumeur qui prétend qu’aux USA toute personne ayant du sang africain dans les veines était considérée comme « noire », plusieurs recensements sur lesquels j’avais travaillé (pour un article sur la Nouvelle-Orléans qui n’a jamais vu le jour) il y a une dizaine d’années de cela, faisaient état d’une distinction entre les MOC (Men of color) et les Noirs dans plusieurs villes, notamment à la Nouvelle-Orléans. Les Gens de couleur de cette ville avaient des écoles distinctes de celles des Blancs mais lorsque les Noirs étaient de plus en plus affranchis, ils refusèrent de les inclure dans leur classe sociale et cherchèrent tous les moyens légaux pour les rejeter.

La trouvaille des Gens de couleur fut donc le test de la couleur marron : interdire l’accès aux universités, aux églises et d’autres lieux aux Noirs en affichant ostensiblement une teinte marron qui empêchait l’accès des lieux à toute personne plus sombre que la dite teinte.

Mathew Knowles reconnaît que tout cette atmosphère l’a conditionné pour méprisé tout ce qui lui ressemblait et l’incitait à idolâtrer tout ce qui se rapprochait du Blanc.

Kahm Piankhy

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