Des rapports font état de milliers de civils tués depuis le 26 octobre, dont plus de 2 000 dans des exécutions sommaires ethniquement motivées. Des vidéos vérifiées montrent des exécutions en public. L’ONU et des ONG comme Médecins Sans Frontières (MSF) dénoncent des viols, des pillages et des massacres ciblés contre les civils, y compris des enfants et des femmes.
Les Forces de Soutien Rapide (FSR) de Mohamed Hamdan Dagalo alias « Hemedti », un Arabe Mahamid Rizeigat du Darfour, armées et financées par les Émirats Arabes Unis, sont à l’origine de ces massacres contre des ethnies africaines du Darfour – ici principalement des Massalit.
Les FSR ne font que prolonger l’œuvre des janjawids des années 2000, alliées alors à Khartoum, ces derniers avaient commis un premier génocide au Darfour visant à éradiquer les ethnies africaines majoritaires de cette région. Mais depuis qu’ils ont renversé le dictateur Omar el Bachir en 2019, la romance entre Hemedti et Burhan a tourné au vinaigre et à la haine, au point où les deux milices se massacrent depuis dans tout le pays.
Le Darfour est une région complexe divisée entre tribus autochtones africaines et « arabes ».
Les tribus africaines sont présentes depuis toujours dans le pays et sont principalement musulmanes : Furs, Massalit, Zaghawa. Elles sont majoritaires au Darfour.
A côté, de ces tribus africaines, il s’y trouvent les Arabes du Darfour, issus d’un peuple nommé Juhaynah arrivé au Soudan vers le 13è siècle en provenance d’Arabie. C’est ainsi que par concubinages, viols et exploitations des esclaves sexuelles africaines, ces Arabes se sont métissés au point de devenir noirs. C’est un phénomène très répandu en Afrique qui est celui de l’arabisation des populations qui changent soudainement d’identité et revendiquent une généalogie purement arabe.
Ces Arabes du Darfour sont aujourd’hui divisés en deux groupes : les Abbalas, qui sont des chameliers présents dans le centre et nord du Darfour, et leurs cousins Baggaras, qui eux ont délaissé l’élevage du chameau pour s’adonner à l’élevage de bovins qu’ils volaient chez les autochtones du pays.
En revanche, il ne faut pas confondre les Abbala et Baggara du Darfour avec les Arabes du nord du pays qui eux sont arrivés plus tôt et se sont métissés avec des Nubiens. Pour les 3 tribus arabes du nord du pays (les Ja’alayin, les Danaqla et les Shaiqqiya), les Arabes du Darfour ne sont que des nomades frustres, grossiers et non-civilisés, même si historiquement ils les ont toujours instrumentalisés pour commettre des tueries contre les ethnies africaines comme on l’a vu au Darfour dans les années 2000.
Il n’est donc pas étonnant de retrouver chez ces FSR les délires racistes de l’ancien leader des janjawids, Moussa Hillel, un Arabe Abbala du clan Mahamid des Rizeigat du Darfour qui n’est autre que le cousin d’Hemedti qui lui-même appartient à une autre subdivision de ce clan Mahamid.
Nous avons donc d’un côté Hemedti, un Arabe Abbala du Darfour, descendant des anciens tueurs janjawids et entouré de suprématistes arabes, violemment négrophobes. De l’autre, Burhan, un Arabe ja’alayin du nord, se considérant comme appartenant à l’élite du pays, et pour qui Hemedti n’est qu’un barbare et un bouseux.
L’ONU, Amnesty ou encore Radio Dibanga ont dénoncé plusieurs messages à caractère raciste, suprématiste et anti-noirs durant ces dernières années. Dans le rapport titré «“The Massalit Will Not Come Home”Ethnic Cleansing and Crimes Against Humanity in El Geneina,West Darfur, Sudan », page 3, on lit ceci :
« Pendant leur campagne, les combattants du RSF et les milices alliées ont proféré des insultes racistes à l’encontre des Massalit et des personnes appartenant à d’autres groupes ethniques non arabes. Ils leur ont dit de partir, que la terre n’était plus à eux, et qu’elle serait « nettoyée » et deviendrait « la terre des Arabes ». Ahmad, 41 ans, un homme Massalit, a raconté, dans une interview avec Human Rights Watch, que les forces disaient aux civils fuyant : « Aucun Massalit ne vivra ici ! », « Aucun Nuba ne vivra ici ! » et « Aucun esclave ne vivra ici ! » »
Des viols de masse ont eu lieu, dont un raconté ici: (page 115):
» Nura a dit qu’il est devenu clair que les hommes savaient qui elle était : « [Un homme] a dit : ‘Qui t’a payée pour être active et dire ces choses en ligne ? Tu es Massalit, tu ne sais rien, tu ne devrais pas rester à El Geneina.’ D’autres m’ont dit de quitter la ville et m’ont dit : ‘Tu es une esclave.’ Puis l’un d’eux a dit : ‘Nous devrions violer les femmes Nuba jusqu’à ce qu’elles accouchent de nos bébés.’ Et ensuite deux d’entre eux m’ont violée. J’ai perdu connaissance et je me suis réveillée dehors, devant ma maison, à 5 heures du matin le lendemain. » »
Sur cette video d’al Arabi tv, on peut entendre un milicien du FSR qui crie : « Tuez les Nuba« .
Les racistes du Soudan utilisent plusieurs termes péjoratifs pour désigner les négro-africains : abid (esclave), nuba (ethnie négro-africaine du Kordofan mais terme méprisant utilisé pour désigner tous les négro-africains) et zurga (nègre).
Source : compte X de ferozwala/status/1982707076561514740
Ici, ils humilient des Furs en les faisant aboyer comme des chiens avec insultes raciales en prime :
sur le compte X : ghayo0da/status/1795529156437979157
Source : “The Massalit Will Not Come Home”Ethnic Cleansing and Crimes Against Humanity in El Geneina, West Darfur, Sudan
